584              MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
necessité du peuple, et sa charge de prevost $ qui l'astrai-gnoit à y pourvoir. Ge qu'il avoit fait jusques alors, non si bien comme il eust voulu, mais comme la necessité lui avoit peu permettre; qu'il trouvoit bon qu'on s'assemblast par les dixaines, et qu'on y avisast. Sur quoi tous d'une voix répliquèrent que c'estoient toutes moqueries ; qu'il faloit une assemblée generale : que jamais il n'en avoit esté plus grand besoin ; et que si ne la leur vouloit ac­corder, que la cour y pourvôiroit. Il leur dit dessus que jamais telles assemblées ne seroient trouvées bonnes de M. du Maine, et que de fait on en alloit faire un cri pour y pourvoir; mais qu'ils patientassent un peu, et que tout se porteroit bien. A quoi ils répliquèrent que ce n'estoit à M. du Maine qu'ils se devoient adres­ser, mais à lui, qui estoit prevost des marchans, auquel, commé pere et protecteur du peuple, ils demandoient justice contre tous ceux qui le voudroient opprimer; et que c'estoit proprement sa charge que celle-là. A quoi ne respondant rien, un nommé Parfait, quartenier, lui dit : « Nous voions bien que c'est, monsieur ; vous a trouveriez nos assemblées bonnes, si M. du Maine a les approuvoit : mais vous avez peur de le mescontenter. A la verité, dit-il, n'estoit cela, je les trou-ce verois. trés-bonnes : car je sais que la necessité vous « presse; mais... --- Or, monsieur, repliqua-il, ii ne « faut point de mais ; nous vous attendions là : car a c'est où est le mal. Vous n'estes pas prevost des mar­te chans, mais prevost de M. du Maine. — Je ne laisse, « respondit-il, pour vouloir contenter M. du Maine, « d'estre ce que je suis, et trés - affectionné à vostre « conservation; et me semble que vous devez déférer f autrement à sa qualité. Pour le moins, qu'avec hon-
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